Chroniques Obsidienne - 01 - Un Temps de dragon by Lawrence Watt-Evans

Auteur:Lawrence Watt-Evans [Watt-Evans, Lawrence]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Bragelonne
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00

32

LA SUITE DES FESTIVITÉS

Le seigneur Kourouvain était là. Un grand homme maigre avec une épaisse chevelure noire et un sourire nerveux, élégamment revêtu de bordeaux et de chamois et légèrement parfumé au musc. Comme avec Jérial, Arlian évita de lui serrer la main et de le gratifier des politesses d’usage tout en établissant une relation conviviale et en insistant sur le fait qu’ils devaient à tout prix se revoir.

— Je crois que c’est à Garde-Ouest que j’ai entendu parler de vous, dit Arlian. C’était à propos d’un établissement dont vous étiez propriétaire et qui aurait pris feu.

— Je ne vois pas de quoi vous parlez, dit Kourouvain, mais il cessa de sourire. Je possède une auberge hors des murs de la cité, mais elle n’est pas à Garde-Ouest.

— Oh, il ne s’agissait pas d’une auberge, et elle se trouvait vraiment à Garde-Ouest, dit Arlian. Peut-être ne possédiez-vous que quelques parts dans cette affaire…

Kourouvain retourna ses mains paumes vers le haut.

— J’ai investi dans de nombreuses entreprises, dit-il.

— Ah ! Eh bien nous devrions échanger nos impressions, un jour, dit Arlian. Il se pourrait que je connaisse quelques affaires où un nouveau partenaire serait le bienvenu. Et peut-être que cela pourrait vous intéresser, vous ou l’un de vos partenaires.

— Sans doute, répondit Kourouvain d’un air gêné. Je ne peux pas me prononcer pour eux.

— Bien sûr, approuva Arlian.

Il dévisagea l’homme tout en tentant de le faire avec discrétion.

Contrairement au duc, le seigneur Kourouvain n’avait rien du crétin fade. Il n’avait pas l’air d’un génie pour autant. Il avait fait preuve de suffisamment d’intelligence pour acheter cette auberge et mettre de côté un tonnelet de pièces d’or en prévision d’un éventuel coup dur. Mais il s’était montré assez imprudent ou stupide pour révéler à une esclave qui le haïssait où il avait caché son trésor. Il trouverait certainement un moyen de lui soutirer le nom des cinq autres propriétaires de La Maison de la Société Charnelle.

Pas ici, toutefois, au milieu de la foule et des festivités.

Arlian se pencha vers lui.

— Sérieusement, monseigneur, dit-il, j’aimerais m’entretenir avec vous d’un sujet en privé. Cela concerne une relation que nous avons en commun ainsi qu’une grosse somme d’argent. Peut-être pourrais-je vous faire appeler chez vous… bientôt ?

Kourouvain fronça les sourcils.

— Quand ?

— Demain ?

Il secoua la tête.

— Impossible. De plus, je ne pense pas que vous voudrez parler affaires juste après avoir organisé un événement comme celui-ci !

Arlian éclata de rire.

— Un bon point pour vous, monseigneur. Quand pourriez-vous vous libérer, alors ?

Kourouvain dévisagea Arlian de la même façon que ce dernier l’avait fait, puis il haussa les épaules.

— Pas demain, mais après-demain, je serai chez moi. Dans l’après-midi, bien sûr, pas le matin.

— Je ferai donc tout mon possible pour vous voir à ce moment-là, dit Arlian. Ah… mais je ne suis à Manfort que depuis peu et je ne connais pas très bien encore la ville haute. Peut-être pourriez-vous vous assurer que mon intendant sache où nous pouvons trouver votre domicile ?

Il fit un signe à Noir, qui se tenait discrètement à proximité.

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